vendredi 13 janvier 2017

Clients, passagers, croisiéristes, ... ?

Depuis presque deux semaines que nous sommes sur le Benjamin Franklin, émerge une réflexion sur notre statut exact sur le navire.
Bon ! C'est un fait, nous avons payé pour être transportés par le cargo entre Dunkerque (ou Hambourg !) et Dubai. Nous sommes à ce titre des passagers, des clients. Sauf que les véritables clients du cargo, de son armateur et du capitaine sont les commissionnaires qui leur font transporter les containers.

Et cela est sensible dès la montée à bord ! Sans parler du changement de port d'embarquement qui fait partie de l'imprévu de ce genre de voyage, il apparaît que l'équipage n'a pas de culture d'accueil et est un peu hésitant sur l'attitude à adopter vis-à-vis de ces drôles de bêtes que nous sommes ! C'est la personnalité de chaque membre de l'équipage qui dicte leur attitude. La jovialité des deux marins qui nous ont aidés à monter le premier jour jusqu'à notre cabine, l'amicale timidité du messman qui est en charge de notre hôtellerie, la froideur distante du capitaine qui nous fait un bref salut de la main en guise de discours de bienvenue en nous croisant au mess, le cadet qui ne demande qu'à nous faire partager son excitation de descendre à terre après de longues semaines de mer, l'officier qui répond avec beaucoup de gentillesse à nos questions ...
Nous avons trouvé dans notre cabine une bouteille de vin de la part du crew ainsi qu'un petit livret pratique d'accueil, d'ailleurs très bien fait et sympathique, sûrement l'œuvre du service communication de la CMA-CGM, dont les marins ne connaissent évidemment pas l'existence !
Très rapidement, nous comprenons que si nous ne posons pas de questions, nous n'en saurons pas plus, et nous ne saurons pas ce que nous devons faire et ce que nous pouvons faire ! 
Alors, on y va, on pose des questions, au capitaine, qui sait dire yes ou no, au 3rd officier, en charge des passagers, au cook et son messman, toujours de bonne humeur, ...

Et la conclusion rapide, c'est que nous pouvons aller partout dans le navire, à n'importe quel moment du jour et de la nuit, y compris sur la passerelle et que je peux tout filmer comme je veux, no problem !
La règle du jeu, finalement, c'est : si cela vous intéresse de comprendre notre vie et le monde de la marine marchande, de passer du temps avec nous, on n'a rien à cacher, vous êtes les bienvenus, mais on n'est pas là pour prendre soin de vous !
Nous passons beaucoup de temps à la passerelle où les officiers de quart sont souvent disponibles pour discuter. Pierrette est une remarquable intervieweuse et interprète ! Et ma caméra a apprivoisé petit à petit nos interlocuteurs ! Ils me demandent juste de faire "off" lorsqu'ils parlent de l'armateur !
Ils doivent me surnommer "l'obsédé de la caméra" !

Aujourd'hui, la glace est brisée avec un bon nombre de marins. 
Alors, passagers ? clients ? Un peu certes ! croisiéristes ? Pas du tout ! Je pencherais plutôt vers quelque chose qui se rapprocherait d'explorateur ou d'ethnologue ! ...

2 commentaires:

  1. Petite question très innocente : pourquoi ce navire arbore-t-il le pavillons de nos plus anciens ennemis sur les mers au lieu du pavillon français ou un pavillon plus complaisant ?

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    1. Réponse également innocente : "optimisation" fiscale et sociale, apparemment. L'armateur jongle avec trois flottes, d'après ce que nous avons appris : française, anglaise et maltaise. L'histoire de la marine paraît loin ! ...

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