Depuis plusieurs jours, les temples nous habitent, et nous les habitons quasiment ! Rameswaram, Pudukkottai, Tanjore, Tritchy, ... des temples immenses, grands comme des villes et où la limite avec la ville n'existe pas.
La foule urbaine les enveloppe, y pénètre par grandes vagues, franchit une première enceinte, en y emmenant motos, voitures, rickshaws, vaches et klaxons ; les marchands sont toujours là, dans ce bazar divin, où les objets les plus hétéroclites sont proposés, pour faire plaisir aux dieux mais aussi aux hommes ; puis, tour à tour, les portes de plusieurs autres murailles filtrent progressivement les véhicules à moteur, les vaches et les commerces pour ne laisser que les hommes pieds nus face à leurs dieux.
Oh! Les hindous ne sont pas hommes à laisser l'enveloppe charnelle à la porte du temple !
Ils viennent avec leur pique-nique, leur mobile, en famille, en couple, entre amis ou seuls, en groupe de garçons ou de filles pour passer de longues heures sur le sol des grandes cours ou à l'ombre des salles hypostyles. Les conversations se croisent sans se gêner, dans le calme, mais à voix haute. Les saints des saints des différentes divinités se comptent par dizaines, disséminés dans chaque temple.
Devant leurs portes, une file d'attente se forme pour accéder aux autels et à leurs brahmanes. À partir de là, dans les couloirs qui se rétrécissent, la lumière se fait de plus en plus rare, ainsi que les bruits et les cris, pour atteindre un silence recueilli dans la chambre divine lorsque le prêtre va chercher l'esprit du dieu avec sa flamme et en ramène la chaleur et la cendre sacrée.
Les sculptures et les peintures des temples avec leurs histoires de dieux rocambolesques sont aussi vivantes que la foule qui les peuplent en permanence !
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