Sandra est une jeune fille de 13 ans, l'aînée de deux sœurs. C'est dans sa famille que nous avons été accueillis pour passer la nuit dans un petit village calme des backwaters.
Sandra est à l'école du village, n'a pas de cours d'anglais ("to expansiv", nous dit son père), parle seulement avec les touristes de passage depuis 10 ans, et veut faire des études de médecine !
Tout en jouant, elle nous apprend qu'il n'y a pas de bourse pour les études supérieures !
À 16h30, en sortant de l'école, elle nous trouve chez elle, attablés avec ses parents autour d'un tchai, dans une conversation aussi souriante que poussive, avec des bribes de mots anglais honteusement déformés entre français et malayalam. "Hello! How are you ? Where are you from ?", nous lance-t-elle dans un sourire lumineux, avec un accent d'Oxford remarquable, tout au moins à mes oreilles !
Sa famille est très modeste : son père travaille dans les rizières et fait le batelier mais est gêné par des problèmes de dos, sa mère fait de l'accueil de touristes.
En attendant le dîner, elle nous explique de son anglais qui me laisse sans voix, comment vit sa famille, les problèmes de mousson dans les canaux, l'organisation des études au Kerala, ses projets à l'université de Bengalore, son inquiétude devant l'élection de Trump qui veut mettre à bas la politique d'Obama, se renseigne sur le président actuel de la France qui manifestement n'a pas beaucoup marqué son esprit, ... elle parle de tout mais pas de rien, avec des transitions habiles, une vivacité stupéfiante ! Et pour finir, elle nous branche sur le jeu du "ni oui ni non, sinon tu as perdu !" pour perfectionner son anglais !
Son optimisme désarmant parviendra-t-il à lui faire franchir la marche immense entre ses origines et son projet d'être médecin ?
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