mardi 21 février 2017

Dhanushkodi

21 février

"15 km en rickshaw, tu ne crois pas que cela va faire trop ?", me dit Pierrette ce matin à Rameswaram. Il est vrai que les routes indiennes sont plutôt penibles en général avec leurs nids de poules et leur étroitesse !

Ce jour-là, nous allons "nulle part", dans un cul-de-sac de sable face à la côte du Sri Lanka. Est-ce pour cela ? La route est la meilleure que nous ayions jamais empruntée depuis notre arrivée en Inde ! Toute neuve, pas un nid-de-poule, avec des bandes latérales blanches phosphorescentes, digne de Vinci, mais sans péage !

Rameswaram est une île et un haut lieu de pèlerinage hindou. Son temple est manifestement fait pour accueillir des foules immenses. C'est sur cette petite île que Rama vint se purifier du meurtre du méchant Ravana qui lui avait volé sa femme Cita. Celle-ci était retenue prisonnière sur la grande île Lanka, à quelques encablures au large. 
C'est à 20 km du temple de Rameswaram que nous allons, au bout de l'île, à Dhanushkodi : 5 km de marche sur la route au milieu d'une langue de sable, au-delà du terminus du rickshaw. Dhanushkodi est un village de pêcheurs fantôme, après qu'un cyclone l'eut détruit en 1964. Ce bout de sable et les petits rochers qui le prolongent vers le Sri Lanka sont considérés par les hindous comme les restes du pont construit par une armée de singes qui a permis à Rama d'aller chercher sa femme. Et du temple de Rameswaram les pèlerins viennent jusque là en grand nombre pour se baigner dans la mer sacrée. 
L'endroit est finalement assez sinistre avec ces ruines tristes résonnant du coassement incessant des corbeaux, au milieu desquelles des gens d'un autre âge, dans le plus profond dénûment, tentent de se protéger du soleil écrasant dans des huttes de paille à moitié effondrées. Seule, la présence d'une école témoigne que ce village n'est pas complètement oublié.
Au retour, le soleil a eu le temps de monter haut dans le ciel et la marche se fait pénible, sous une chaleur écrasante ! Nous sommes en eau !
Quelques heures plus tard, sirotant un thé sous une paillote dans la fraîcheur d'une brise de mer, je soupire : "Il n'y a que Rama et Vishnu pour faire qu'un tel moment existe !". Inquiète, Pierrette me répond : "La volonté divine, le refuge de l'ignorance !"

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