mardi 14 janvier 2020

Mémoire

12 janvier

Un musée de la mémoire a été construit à Medellin pour témoigner de l'histoire mouvementée et dramatique de la Colombie depuis l'après-guerre.
Nous pensions y trouver des explications, une présentation historique de ces luttes entre militaires, para-militaires, cartels de la drogue, dont la population civile a fait les frais pendant au moins une trentaine d'années. Grosse déception : les plaies de cette période ne sont-elles pas cicatrisées, est ce qu'une peur demeure, du souvenir de ces bandes rivales qui ne renoncent à rien dans l'horreur ? Toujours est-il que l'on a l'impression que les initiateurs de ce musée n'osent pas nommer les choses et en restent à une approche intellectuelle, artistique et symbolique de l'horreur sans en préciser la nature.

Il faudra les nombreuses rencontres que nous faisons au cours de notre voyage pour oser imaginer que la majorité des colombiens ont été meurtris dans leur famille pendant ces années-là sans toutefois comprendre cette histoire bien compliquée. Par petites touches, l'ampleur des souffrances des colombiens nous apparaît : beaucoup ne veulent plus en parler et préfèrent fermer les yeux sur le trafic de cocaïne et les nombreux glissements de la politique vers des luttes sanglantes pour essayer de vivre enfin tranquillement ;
celui-ci dont les parents ont été rackettés puis assassinés par les FARC n'est plus dans la vengeance mais dans l'espoir de vivre en paix ;
un grand nombre des amis d'un européen vivant depuis quelques années en Colombie ont perdu un père, une mère, un frère, une sœur pendant ces années sombres dont ils ne parlent pas ou très peu ; tel autre a vu disparaître dans la corruption de l'administration les allocations de l'Etat.




L'on sent un pays qui a envie de vivre, qui aime faire la fête, qui fait tout ce qu'il faut pour que les étrangers se sentent bien chez eux, mais qui a une blessure profonde dont les causes n'ont pas disparu, et avec laquelle il est obligé de composer !
Le référendum sur "l'approbation de l'accord final d'achèvement du conflit et de construction d'une paix stable et durable" en 2016 a été repoussé à 50,21% !

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