Prière

Osman 

4 novembre        17h

Je rejoins Pierre en haut du col, bien fatigué de notre longue montée de 1400 m. "C'est ici que l'on dort", me dit-il.
Osman nous entraîne dans la pièce commune des hommes de sa maison. Il a 20 ans.

Pierre prépare son lit

Son père et les femmes étendent d'immenses tapis et d'innombrables coussins sur le sol en béton d'une partie de la pièce. "Installez-vous !", nous dit son père, avec un sourire amusé sous son turban à la couleur indéfinissable.

Pierre discute en anglais avec Osman. Je m'écroule sur le lit de tapis et d'oreillers, ... et je m'endors ! Quelle plaisir ! Quelle détente ! Une magnifique mélopée s'élève dans les brumes de ma fatigue, comme un long appel dans la vallée que je viens de remonter pendant des heures ! Des voix se rapprochent de moi, pendant que la clarté du soleil tombe rapidement. Une psalmodie à plusieurs voix commence alors dans un coin de la pièce.

C'est devant cette grande vallée que le père d'Osman lance son appel

Les voix se répondent, entre celle d'un homme et celles d'une petite assemblée d'hommes et de femmes. Je distingue quelques mots, Allah akbar, salam aleikum... J'entrouvre les yeux, est-ce dans mon rêve ou dans la réalité ?, et j'aperçois quatre paires de plantes de pieds blanches dans l'obscurité quasi totale de la pièce. Des chuintements de tissus, des soupirs de gens qui se lèvent, des babouches qui traînent, et le silence revient.

Une présence discrète soulignée de tintements me réveille : un grand plateau de thé fumant est posé devant moi sur une table basse.