mercredi 21 janvier 2015

Une nuit à Sop Cham


Sop Cham, le 21 janvier 

Dans ce village de 40 familles au bord de la Nam Ou, l'électricité n'est pas encore arrivée. La nuit tropicale est tombée à 18h.

A la lueur d'une pauvre bougie, dans une profonde obscurité, nous terminons avec Tom et Maï, notre guide et notre hôte, notre frugal dîner fait de riz gluant et d'une soupe claire d'herbes amères. 
Chacun va se coucher peu après, vers 20h, comme tous les laotiens en ont l'habitude. 
Une moustiquaire usée, aux larges accros, délimite dans la pièce sans fenêtre de l'étage, notre natte contre l'angle des murs faits de bambou tressé. La maison est rapidement silencieuse. Mais la légèreté des constructions nous maintient dans une grande proximité avec l'ensemble du village. Durant quelques minutes encore, quelques enfants jouent dehors, peut-être au cerceau avec un vieux pneu ou à la toupie qu'ils lancent habilement avec une ficelle. Leurs voix sont calmes, sans cris ni disputes. Les mères les appellent d'une voix claire, les bruits s'éteignent petit à petit.
On entend marcher encore dans la rue de terre battue. J'imagine les femmes rentrant leurs métiers à tisser et les écharpes qu'elles n'ont pas réussi à vendre aux touristes dans la journée. 
Et puis, la musique de la maison voisine s'arrête, le village s'endort. Fatigué, je ne tarde pas à perdre conscience. 
Les herbes amères du dîner me réveillent quelques heures plus tard. Un homme, à l'autre extrémité de la rue, tousse sans parvenir à s'arrêter. Est-il très malade ? Un autre, comme beaucoup le font ici, se racle profondément la gorge et crache violemment. Deux bébés se réveillent et pleurent, comme partout dans le monde font les bébés. En bas de la maison, un chien pousse un jappement de surprise, réveillé brutalement par un insecte ou un cauchemar ? Aussitôt un deuxième lui répond par un aboiement mécontent, et la discussion s'enflamme rapidement, réveillant sûrement une bonne partie du village. Puis le calme revient, au sein duquel le léger chuintement d'un tuyau qui fuit parvient à émerger. 
Je me rendors. 
Alors que le jour est encore bien loin, les coqs s'entendent pour déclarer haut et fort que le soleil va se lever. Et il y en a des coqs ! Ils font un tintamarre qui décourage cette fois toute tentative de retrouver le sommeil.
Les poules rentrent à leur tour dans le concert après que les mâles aient eu suffisamment le temps d'affirmer leur leadership ! Les oiseaux commencent à gazouiller dans le petit jour qui filtre au travers des mailles des bambous. 
Une légère odeur de feu me parvient. Les femmes ont allumé le minuscule foyer sur lequel elles préparent le riz gluant pour la journée. Des "piou-piou" chuchotés rassemblent les poules. Les premières voix étouffées s'élèvent timidement
Une nouvelle journée commence à Sop Cham.  



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