En cette fin de matinée, au jardin botanique de Jinghong, le ciel est gris, l'air poisseux. Si l'on était en France, l'on dirait que le temps tourne à l'orage. Sous les tropiques, les enchaînements de ciels, de nuages, de températures ne nous sont pas familiers. Cette méconnaissance de l'environnement participe avec force à l'impression de dépaysement que le voyageur apprécie tant.
Ne pouvant compter sur notre intuition pour décider de la poursuite de notre promenade, nous nous référons à la seule certitude dont nous disposons : c'est actuellement la saison sèche dans cette région du sud - ouest de la Chine.
Longeant une rangée de bananiers, nous allons donc voir les pépinières de cinq arbres et six fleurs sacrés, utilisés pour l'ornementation des temples bouddhistes. Un immense lac dont toute la surface est mangée par les lotus blancs et rouges nous apparaît alors. La sérénité générée par ces jardins aquatiques orientaux nous touche particulièrement !
Soudain, nous sommes enveloppés par un petit tourbillon de gouttelettes qui brouille la surface de l'eau : un coup de farine comme disent les habitants de l'île de la Réunion. Ce n'est pas grand chose ; un bouquet de frangipaniers nous abrite les quelques minutes nécessaires.
Et puis, en fin d'après midi, alors que nous nous reposons tranquillement à l'auberge, elle est là : lourde, sûre d'elle, puissante, prenant ses aises, la pluie tropicale frappe les tôles des toits verticalement dans un vacarme sans nuance. Nous nous endormons dans ce brouhaha, goûtant le plaisir d'être bien au sec alors que nous étions encore la veille dans la forêt ! "Cela doit être la journée de pluie statistique de cette saison", pensons nous.
Le lendemain, la pluie est toujours là !
Avant de prendre le bus pour Luang Nam Tha, la réceptionniste de l'auberge nous lance avec un grand sourire : vous devriez prendre un parapluie, la pluie est prévue pour tomber une semaine !
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