mardi 23 février 2016

Valle del silencio

19-20 février

Au refugio de la valle del silencio, en cette fin d'après-midi, seul le flux du rio Terribe et l'eau s'égouttant en permanence des feuilles des grands arbres troublent un silence quasi absolu.
Le vent violent est tombé ; quelques branches cassées font entendre un craquement en cherchant leur place après leur chute. Mais la forêt paraît déserte, presque morte. 
18h. La nuit est venue. Brutalement. Comme chaque soir. Et pourtant la surprise est toujours là, de voir en quelques minutes le soleil disparaître et s'installer une obscurité si profonde. Et ce soir, un froid polaire !
Alors émerge des fourrés invisibles un son aigu, comme celui que ferait une scie que l'on frotte avec un archet. Un son sur deux notes, une tierce. Pas rapide et répétitif comme celui du coucou, non ! Plutôt comme deux longues notes tenues, telle une douce plainte ; plus proche du bien-être que de la tristesse. Puis il s'éteint. 
Quelques instants plus tard, l'oiseau, car c'est sûrement un oiseau, reprend son chant. Ces deux notes ne sont pas pour lui le début d'un développement savant comme sait le faire le rossignol ; elles sont l'intégralité de sa musique. Et il va les utiliser pour s'imposer dans l'univers sonore de cette jungle obscure. Toute la nuit, sans fatigue, calmement, il va répéter ses deux notes claires. Le bruit de la forêt qui s'est levé avec la nuit, avec ses milliers d'insectes criant, frottant, grinçant, loin de le gêner, lui sert de base harmonique.
Le matin, avant le lever du soleil, c'est lui que j'entendrai le premier, avant qu'il ne s'évanouisse avec le jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire