Jardin extraordinaire

19-21 février

Le jour se lève rapidement sur les contreforts de la cordillera de Talamenca. Après un réveil à 4h, Carlos nous emmène d'un bon pas vers la valle del silencio et son "jardin". Ce petit coin de l'extrême Est du Costa Rica fait partie du parque de la Amistad, un immense territoire tica-panaméen classé réserve naturelle par les deux pays et patrimoine mondial par l'Unesco.
Une immense forêt primaire couvre la montagne entre 1000 et 3000 m. Elle est quasiment inaccessible, étant en principe affectée à la recherche. En tout cas, le tourisme n'y est absolument pas développé, et cela nous va très bien !

Après plusieurs petits cols et neuf heures de marche, nous atteignons le refugio, à 2500 m au milieu de la jungle, devenue avec l'altitude une forêt de nuage, baignant dans la brume, ruisselante d'eau, plongeant dans la boue et les marécages. La nuit ne tarde pas à arriver. Merveilleux !

Le lendemain, nous reprenons notre lente avancée, suivant le rio Terribe dont le cours draine une eau venue de toutes les directions et condense autour de lui une part de la formidable humidité qui dissimule à nos yeux le sommet des arbres. Nos chaussures de marche alpine ne tardent pas à s'alourdir de la boue et de l'eau dans lesquelles est timidement tracé le sentier. 

"Pourquoi les gens portent-ils tous une machete dans les montagnes du Costa Rica ?", avions nous demandé à Carlos au départ de la randonnée. Brutalement, le sentier s'arrête, coupé par le rio. Trop profond pour être traversé ! Interruption forcée de notre magnifique marche ? 

"Momentito !" Carlos sort sa machete, disparaît dans la végétation et pendant une dizaine de minutes on l'entend distribuer des coups énergiques dans les fourrés. "Venez ! J'ai taillé un chemin vers un arbre qui fait un pont naturel !".

Une fois le rio franchi aussi simplement que sur un sentier bien sec, cinq minutes de marche nous mènent au jardin !

La forêt a brutalement fait place à une végétation rase, sur une tourbe moussue, faite de plantes grasses chauffées au soleil et de fougères arborescentes ! "Je ne voulais pas que vous rebroussiez chemin si près du but. Je voulais que vous voyez ce jardin extraordinaire !", nous dit Carlos.