mercredi 3 février 2016

Embarquement

L'île d'Ometepe est constituée de deux volcans 
30 janvier

15 h. Depuis plus de 3 heures, nous attendons sous un soleil de plomb devant les grilles du port de San Jorge. Objectif : embarquer sur un ferry pour l'île de Ometepe, au milieu du lac Nicaragua.
Deux cents, trois cents, quatre cents personnes, nicas et touristes, font la queue.
Selon des informations contradictoires et évolutives, il faut acheter les billets à des employés dont on devine le bout du nez derrière des petites guichets ou monter directement dans le bateau. 
Tout à coup une clameur monte, les grilles s'ouvrent ! Tant pis pour les employés derrière leurs guichets, on fonce ! Il faut parcourir toute la longueur du môle d'escale pour atteindre le bateau. Au fur et à mesure qu'il se rapproche, celui-ci semble plus petit ! Jamais tout le monde ne pourra rentrer ! 
A nouveau la queue, devant le bateau cette fois. Les gens rentrent lentement freinés par des formalités que l'on ne perçoit pas bien ; s'acquittent-ils du prix des billets maintenant, dans ce cas cela va être très long ! Les premiers passagers, apparaissent bientôt dans les ponts supérieurs ; ils sont tous équipés de gilets de sauvetage orange flambant neufs ! Ce sont donc ces manœuvres d'habillage qui prennent tant de temps !
La file avance toujours, de plus en plus lentement, et puis ça y est ! Une dizaine de rangs devant nous, une chaîne est tendue en travers de l'accès. "Le bateau est plein ! Prenez le suivant !" Le message se transmet en espagnol, anglais, français, allemand, je ne sais plus, mais en tout cas il est clair ! 
Alors, commencent  les négociations : 
"Je fais partie d'un groupe qui est déjà sur le bateau !" 
"Je dois être sur l'île absolument pour dîner !" 
"Nous ne sommes que trois, cela ne fait pas beaucoup !" 
"Ma grand-mère est malade, elle a besoin de moi !" 
"Je livre un écran plat à des gens dont la télévision est en panne !" 
La foule continue d'avancer, par à-coups, la capacité du navire étant manifestement dépassée. Petit à petit, nous nous rapprochons de la chaîne, dans une bousculade indescriptible. Je tente alors ma chance : "Nous sommes deux avec ma femme, et le groupe est devant ", dis-je en faisant vers le bateau un geste vague, auquel un occidental à la gentillesse de répondre par un petit salut ! L'employé écoute mon espagnol hésitant, réfléchit, regarde son collègue, bougonne quelques mots d'un air très ennuyé, et soulève la chaîne ! Je suis déjà de l'autre côté, tirant Pierrette avec son gros sac. Nous avons les deux pieds sur le bateau ! Nous enfilons nos magnifiques gilets de sauvetage, puis un marin nous tend un cahier avec un stylo : nom, prénom, nationalité, ... Je me prends à penser à ce ferry pakistanais coulé en quelques minutes après avoir embarqué 600 passagers au lieu de 300 ; il n'y avait pas de gilets orange ni de liste de passagers cette fois-là !
Nous nous frayons un chemin jusqu'au pont supérieur au milieu des corps entassés dans tous les escaliers. Nous retrouvons un couple de jeunes allemands avec lesquels nous avions fait la queue la moitié de la journée : "Ça y est! On a eu de la chance ! On sera juste à la nuit à Moyogalpa ! D'autant plus que l'on n'a pas réservé d'hôtel !", leur dis-je tout heureux. Ils me regardent, génés : "Mais ce n'est pas le bateau de Moyogalpa, c'est celui de San Jose !"

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