dimanche 29 octobre 2017

Maison


Nous sommes en voyage. Nous ne dormons jamais au même endroit. Et pourtant, Pierre est chez lui ! C'est dans sa maison qu'il m'a invité à partager un mois de sa vie. Une maison qui n'a pas quatre murs et un toit, mais s'étend jusqu'à l'horizon à chaque instant. Cette maison a une ambiance propre aussi caractéristique que celle de la ferme de mon grand-père ou de l'appartement encaustiqué de ma vieille tante. Les parfums et le chant du Maroc épicent la manière personnelle dont Pierre tient son intérieur.
Les sacoches de son vélo sont ses placards bien rangés. Lorsque vient l'heure du repas, il étend sa petite nappe iranienne sous les oliviers du bord du chemin ; sa petite planche à découper, ses casseroles, ses épices, son huile d'olive composent sa cuisine.
Il est allé faire ses courses au marché du village traversé le matin ou à la boutique surgie au bord de la route. Il tient sa maison avec une désinvolture responsable, ne doutant jamais que ce dont il a besoin se trouvera sur son chemin au moment nécessaire.

Les portes de la maison sont toujours grand ouvertes et créent des occasions de rencontres multiples : quelques jeunes désœuvrés à qui demander son chemin ; le berger faisant traverser la route à ses moutons ; l'ouvrier du moulin à huile qui nous dépanne d'une miche de pain ; le boutiquier qui nous indique où passer la nuit ; le ferronnier nous expliquant comment donner la bonne courbure à une arabesque de lit. Pierre est curieux et s'intéresse à tout. Il a l'abord simple, le tutoiement facile des gens vernissés de culture américaine. 

Il y a longtemps, Pierre était mon fils et voyageait avec moi. Aujourd'hui, je suis le père de Pierre et c'est chez lui que je voyage. 

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