Installés

Une semaine que nous sommes partis !

Nous sommes installés dans le rythme de nos pas. Chaque matin, après avoir quitté l'hôtel ou plié la tente, nous le retrouvons ; c'est notre "chez nous ", où nous avons nos petites habitudes. 

Assise est encore tellement loin qu'il ne vient pas à l'esprit de se lancer dans un quelconque décompte ! Et les jours écoulés se dissolvent déjà dans une ouate faite d'ambiances et de sensations imprécises, d'où seuls émergent encore quelques événements qui ont,  par la qualité de la sollicitation des sens ou de l'intelligence qu'ils ont générée, vaincu momentanément l'oubli :

C'est la voix de ce vieux couple sur la place d'un village perdu dans les collines s'inquiétant de savoir si nous ne manquions de rien !

C'est la forêt remplaçant brutalement les collines de vignobles d'Asti !

C'est Gènes et la mer apparaissant soudain après des jours de marche dans le Piémont !

C'est le restaurateur de cette trattoria sur laquelle nous comptions pour refaire nos forces après deux jours de bivouac, qui ouvre pour accueillir un banquet de chasseurs et nous fait une petite place alors qu'elle était fermée ce jour-là !

C'est cette aubergiste, exceptionnellement désagréable, qui refuse de remplir nos gourdes d'eau !

C'est ce bivouac sur une crête, entouré de genévriers, au-dessus d'un petit village dont les cloches de l'église font vibrer l'air toutes les heures. 

Ce sont les vieilles maisons de Campo Ligure blotties autour de l'église, au pied du vieux château, comme pour se protéger de l'autoroute qui passe au-dessus d'elles. 

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Mais finalement, ils se bousculent encore, ces événements, dans la tête ! Je ne vais tout de même pas tout raconter !

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